(mv) l'attrape coeur.

Nom, prénoms : Valmer, Mana Jane. Surnoms : La môme, gamine. Date de naissance et âge : 21 avril 1994, 20 ans. Lieu de naissance et nationalité : Dublin, Irlandaise. Origine : Irlandaise. Niveau d'étude : Etudiante brillante au lycée, elle a tout arrêté ensuite. Certains disent que c'est du gâchis, que l'enfant avait du talent. Mana elle, elle vole sans s'en soucier. Métier ou/et études : Elle tient la caisse du rayon fleurs d'une grande chaîne de supermarchés, le matin seulement. L'après-midi, elle joue du violon dans les avenues retranchées, au bon vouloir des bonnes âmes qui croisent sa route. Statut monétaire ($) :$$, Elle a peu Mana, très peu, juste assez pour manger, pas assez pour que les propriétaires acceptent de lui louer un studio. Elle se promène toujours à pieds, elle dit qu'un jour elle aura assez pour s'acheter un vélo. Et la nuit, elle dort où on veut bien d'elle, souvent dans les maisons inoccupées ou dans les parcs. Orientation sexuelle : Elle aime les hommes, un peu, beaucoup. Parfois, il lui arrive d'aimer les femmes pour qu'elles acceptent de l'héberger. Statut civil : Célibataire. Traits de caractère : Solitaire, passionnée, naturelle, débrouillarde, réservée, têtue, indisciplinée, absolument pas tactile, maladroite, souriante, sarcastique, téméraire, optimiste. Groupe : Wild Things.

Mana petite fille, elle se rêvait astronaute. Debout sur le muret devant la maison, elle dansait pour les étoiles, enfant nébuleuse. Elle murmurait doucement aux parents qu'elle ne voulait pas dormir la nuit, qu'elle aimait trop le noir et ses millions de lumières pour les laisser filer. Elle épuisait les parents, parce qu'elle parlait beaucoup, qu'elle racontait tout un tas de choses qu'elle avait lu dans les livres. Mais les parents Valmer n'ont jamais lu beaucoup de livres, alors souvent, ils ne comprenaient pas. Ils surveillaient l'astre, lui criaient au milieu du silence qu'il était temps de rentrer. ;; Elle n'a jamais eu ni frère ni sœur. Les parents Valmer disaient que c'était Dieu, qui en avait voulu ainsi, qui les avait privé de la joie d'être parents à nouveau. ;; Dans la maison familial, il y avait des photos du père, de la mère, de l'enfant un peu aussi. Mais surtout sur les murs, il y avait ce Christ si important. ;; Mana a toujours aimé la musique. Seule dans sa chambre, dans l'intimité d'un monde bien à elle, elle écoutait en silence. Et puis un jour, on lui a offert un violon. Enfant brillante mais peu sociable, elle a vu en lui un ami, qui chantait d'une voix mélancolique quand elle n'allait pas bien, et murmurait des poésies quand elle rayonnait de bonheur. ;; Elle a suivit des études, peu de temps, mais assez pour y prendre goût. Après le lycée, elle n'a pas eu l'occasion de continuer, c'était comme ça, c'était la vie. Mais un jour elle y retournera. Au conservatoire pour devenir musicienne, ou à la faculté pour devenir penseur. ;; Elle a voyagé, un peu, beaucoup. A seize ans, quand sa vie a basculée, elle a prit le premier train pour nul part. Elle a vu Londres, à apprit à connaître Manchester. Et puis un jour, elle a vu plus grand, plus loin. Elle s'est vu ici. ;; Elle boit du thé, sans sucre. Jamais de café. ;; Mana elle a pas le permis, jamais eu le temps de le passer. ;; Elle parle à Dieu encore parfois. Ils sont en assez mauvais termes elle et lui, y a des choses qu'il fait qu'elle comprend pas. Mais quand elle est seule, elle aime croire que peut être il la regarde de haut. Que peut être un jour il se bougera. ;; Pour se vider la tête, elle aime courir, tôt le matin, ou tard le soir. ;; Mana elle a plus aucun contact avec sa famille, parents en première ligne. Ils refusent de lui parler, à elle l'enfant salit, la putain, la fleur fanée. Parfois Mana ça la blesse, ça lui brûle la poitrine. ;; Elle est sauvage Mana, enfant à la crinière de lion. Elle a peu d'amis, parce qu'elle ne reste jamais longtemps nul part, et qu'avec maladresse, elle tente de se dépêtrer des relations humaines. Certains la regardent avec pitié, alors elle se fâche, elle tape du pied. Les autres peuvent s'approcher, mais jamais trop prêt de peur qu'elle ne s'envole. Fée-fleur.  ;; Elle vit de petits boulots qui ne suffisent pas à la faire vivre correctement. Mana, elle dort nul part, elle promène toujours son sac à dos avec des vêtements propres. Elle essaye de dormir dans les maisons secondaires des riches d'ici. Elle crochète les serrures, s'invente une vie de château. Elle reste jamais longtemps, elle touche jamais a ce qui ne lui appartient pas. Elle dit qu'elle est heureuse comme ça.

Dans la cours de l'école, les autres enfants ne parlent pas à Mana. Ils jouent et parlent forts. Assise sur les marchent, elle dessine des étoiles dans la poussière. Mana ne va pas souvent vers les autres enfants, elle préfère les regarder de loin. Son père dit qu'il vaut mieux ne pas trop s'approcher, pire, qu'il vaut mieux ne pas trop s'attacher. Beaucoup de ces enfants aux visages de poupons deviendront en grandissant des feux brûlants comme ceux que les parents s’appliquent à fuir. Les parents fuient beaucoup de gens, ils s'obstinent à rester seuls, enfermer dans leur maison de poupée. D'abord ils ont gardé Mana avec eux, enfant précieuse à qui la mère s'épuisait à faire l'école. Elle lui apprenait à lire des livres sans images, écrire avec de jolies courbes. Mais l'enfant innocente à finit par devenir brillante, trop pour que la vieille femme réussisse à suivre. Mana lisait, Mana lit toujours beaucoup. Elle se plonge des heures durant dans des romans qu'elle cache sous son matelas. La mère aime une littérature particulièrement ennuyeuse. Mana respire la vie, quand bien même on la laisse respirer. L'école c'est l'oxygène, quand elle s'assoie dans le sable et qu'elle regarde les garçons attraper les filles. Au début, la maîtresse venait s'asseoir à côté d'elle pour ne pas la laisser seule. Mais de sa voix de poupée, Mana lui a dit de ne pas s'inquiéter, qu'elle préférait regarder. Mana avec sa peau de porcelaine, et sa voix comme une caresse. La plus part des autres enfants ont oublié son prénom, les parents ne la voient même pas partir quand elle quitte l'école seule dans ses chaussures vernis. Elle marche et rentre à la maison, sans jamais s'arrêter comme le demandent les parents. Ils disent « soit prudente », tout le temps. Mana fait attention. Et parfois, elle oublie, un peu.


« Tu joues du violon ? » La tête au creux de l'épaule du garçon, l'enfant acquiesce. Il ne la touche pas, il effleure seulement sa peau pâle, sûr que s'il la touche trop fort, il pourrait la briser. Elle est nue, et plus que jamais, il la trouve belle, l'enfant sauvage, dont le sourire se dessine rieur. Mana à l'école, elle ne ressemble pas aux autres filles. Elle dit « merci » en murmurant, et sert ses livres contre sa poitrine. Elle a toujours les cheveux bien coiffés, alors qu'elle est belle comme jamais, quand elle les laisse détachés. Les autres garçons disent qu'elle vaut rien. Lui il trouve qu'elle vaut beaucoup. La lune et les étoiles en prime.  Il ne le dira à personne, que cet après-midi au lieu d'aller en cours de littérature, il a vu Mana toute nue. Elle ne le dira pas non plus. Elle dit que ça doit rester secret. Mana elle cache des choses. Parfois, elle ment pour que ça l'arrange. Mais quand elle ouvre grand les yeux, elle sait plus mentir. « Qu'est ce que tu fais ? » Elle fixe, enfant curieuse, ses yeux plein d'innocence posés sur les cheveux en bataille du garçon. Dans les draps, elle se tord et rit doucement. A peine plus qu'un bruit. Le champ de l'oiseau. « Je te regarde tomber amoureux. » Elle se moque, effleure sa peau, et finalement se glisse hors du lit. Mana elle a pas de seins, à peine plus qu'une piqûre de moustique. Il la regarde tellement fort quand elle se lève, qu'il oublie d'écouter autour d'eux, d'entendre le bruit de la porte qui s'ouvre. Il tombe amoureux. Pourtant il devrait. S'il savait, il devrait. Parce qu'en bas, la mère monte, dans son manteau fade, elle grimpe les marches en répétant le nom de sa fille, de la précieuse enfant. Elle se doute que quelque chose cloche, parce que Mana ne joue pas de violon. Mana rit, et Mana n'est pas seule. Debout sur la moquette, elle flotte en enfilant ses sous-vêtements. Et la mère rentre. Tempête. La mère bouscule tout, fait grincer la porte sous son poids. La mère est vieille, mais plus que tout, la mère défend des idées dépassées. Elle grogne, tente de parler, se mord la lèvre. Comme la mère peut trouver ce garçon laid. Elle lui hurle de partir, cri encore plus fort sur la poupée rousse qui la supplie de la pardonner. Tout va vite. Mana s'empare de sa main, et reçoit l'autre sur sa joue de femme-enfant. Le garçon disparaît, et la vieille femme traîne sa fille en bas de l'escalier. Elle hurle au nom d'un Dieu qu'elle veut tout puissant. La putain. La traînée. Elle dit qu'elle doit être punit. Elle frappe sa joue, encore. Encore. Mana à la peau rouge, quand elle tombe à genoux sur le sol. « Prions ». Elles prient. Elles prient pour que Dieu pardonnent Mana. Dieu miséricordieux. Les parents eux ne pardonneront jamais. Le lendemain, ils mettront l'enfant fleur à la porte de chez elle. Vilaine enfant.


Assise sur un banc, le violon sur les genoux, Mana s'applique à accorder la musique. Les cordes tournent sous ses doigts. Elle écoute, pince le crin, fronce les sourcils. Les passants ne font pas attention à elle. Devant l'immense maison saisonnière, ils se croisent tous, pressés de rejoindre leurs domiciles respectifs. Les hommes dans leurs vêtements hors de prix, les femmes dans ces robes qui enveloppent leurs corps de grâce et de délicatesse. Mana redresse la tête, il va bientôt faire nuit. Dans la boîte à côté d'elle, l'antre du violon, elle glisse délicatement l'instrument dans son écrin de velours. Le bois est un peu abîmé sur les bords, mais il garde cette élégance qu'aucun autre n'égale. La fille effleure, soupir et finalement referme la boite. Elle s'installe en tailleur sur le bois tagué de mots d'amour. Parfois, elle s'y attarde, lit ces déclarations anonymes, imaginant que, peut-être, l'une d'elle est caché pour elle, riant des fautes qu'elle peut lire,de cet amour dégoulinant qui côtoie sans crainte la haine des mots violents. Les bancs sont des artistes. Dieu n'aimerait pas, et pourtant. Ses cheveux attachés au dessus de la nuque, elle s'apprête à se lever, Mana, quand une ombre vient s'installer à côté d'elle. Il sent bon le parfum. Pas celui de supermarché, non. Il sent le parfum, le vrai. Les doigts resserrés autour de la hanse de sa boite à musique, la poupée redresse le regard. Elle la reconnu. Il est le seul à venir s'asseoir. Les autres la regarde avec mépris, l'ignorent tout au plus. La fille des rues. Mana soupir. Elle n'aime pas quand il vient s'asseoir là, à côté d'elle. Elle n'aime pas qu'il s'invite, encore moins qu'il s'obstine. Il glisse vers elle un sac en toile qui sent fort la nourriture de fast-food, et Mana, elle le fixe, ses yeux grands ouverts. Le type propre sur lui, le genre qu'on imagine parfaitement marié, avec trois gamins qui courent derrière une barrière blanche. Il pourrait aller manger loin, avec eux, plutôt que de s'obstiner à la nourrir elle. Du bout des doigts, elle repousse le sac qui sent bon la friture. Se ventre se noue, grogne. Son ventre est un traître, et Mana sert contre elle l'étui de son violon. Elle s'installe correctement sur le banc, le regard parfois posé sur l'immense maison délabrée devant elle, une de celle qu'on a abandonné avec le temps, alors Mana passe par derrière, glisse une pince à cheveux dans la serrure de la cuisine. Dort au chaud. Elle ira là-bas, quand le garçon sera partit. Elle n'aime pas sa présence, pourtant, elle ne part jamais quand il est là. Elle se débat, refuse son aide, enfant tempétueuse, indépendante obstinée. Pourtant elle reste assise, et parfois, quand les journées ont été trop longues, elle se surprendre à l'attendre. L'homme inconnu.