C'est un article écrit par un organe à la première personne.

Nom, prénoms : Moi c'est Sloane Vetotchkine. Eh oui, j'ai un nom russe. Ma famille s'est installée en amérique depuis trois générations déjà. Emballez-vous les mecs, car je détruis le mythe : je ne tolère pas du tout la vodka. Par contre, si vous souhaitez me payer un verre, je préfère le rhum. Surnoms : Ma famille et mes proches m'ont toujours surnommée Loa. Pour le reste de la population non-russe, il paraît que Sloane Veto est beaucoup plus aisé à prononcer. Pour ma part, je vous lance le défi. Date de naissance et âge : Je suis née le treize octobre 1987. Une journée d'automne plutôt banale pour une famille qui contenait déjà six enfants. À vingt-huit ans, j'approche tranquillement de la trentaine.   Lieu de naissance et nationalité : Je suis née dans la plus grande communauté Amish d'amérique, située à quelques minutes de Lancaster, dans l'état de pensylvanie. Comme toutes les femmes membres de la communauté, ma mère m'a donné naissance dans la demeure familiale, entourées de deux voisines et de ma soeur aînée. Origine : Bien que je sois américaine, tel que mon nom l'indique, j'ai des origines russes. Mon arrière-grand-père a immigré illégalement au pays un peu avant la Première Guerre Mondiale, dans l'espoir d'y acquérir de meilleures conditions de vie. Quelques années plus tard, mon grand-père est tombé amoureux d'une femme Amish membre de la communauté anabaptiste de Lancaster. Il s'est donc converti aux modes de vie et à la religion de celle qui lui avait pris son coeur, avant de l'épouser. Depuis ce temps, ma famille a vécu dans la communauté Amish et personne ne s'est jamais détourné de cette religion,...avant moi, bien entendu. Niveau d'étude : D'où je viens, les enfants sont éduqués jusqu'à l'âge de quatorze ans. Par la suite, les garçons vont travailler à la ferme et les jeunes femmes aident leur mère à la maison. Ayant été scolarisé par deux professeurs amish dans l'unique école de la communauté jusqu'à mes quatorze ans, ma scolarité est assez limité. Bannie de la communauté à 21 ans et sans ressources, les études supérieures étaient tout simplement inaccessibles pour moi.  Métier ou/et études : Je prends des clichés de tout genre et j'essaie ensuite de les vendre dans les journaux ou les magasines qui en veulent bien. Ma spécialité, c'est  les photos de catastrophes naturelles, puisque cela fait sensation aux nouvelles et que peu de gens se risquent en pleine tempête pour photographier ou filmer ce genre d'événements. Du coup, ce genre de clichés rapportent beaucoup plus d'argent. Certains nous appellent les « chasseurs de tornades », puisque nous sommes en premières lignes lorsque les vents ravageurs commencent à souffler.  Statut monétaire ($) : Je suis assez paumée, ce qui est assez normale pour une fille qui a peu d'études et qui ne possède pas un travail à temps plein de 8h à 16h, comme la majorité des américains. Disons que je fais assez d'argent pour me loger et pour manger. Évidemment, lorsque la météo est de mon côté, il m'arrive de faire plus d'argent grâce à de très bons clichés. Tout cela est variable. Ma vie est en constante fluctuation. Rien de stable...c'est un peu la galère. Orientation sexuelle : Mon aventure avec une femme m'a fait bannir de la communauté amish, ça répond à votre question ?  Statut civil : Célibataire, depuis toujours. J'ai eu quelques relations avec des hommes, notamment lorsque je vivais encore à Lancaster, mais je ne suis jamais tombée amoureuse. Les deux genres m'attirent, mais mon coeur appartient aux femmes. Mais bon, j'ai vachement de la difficulté à trouver des femmes canons qui veulent se lancer dans une relation sérieuse avec une autre femme. La plupart du temps, celle qui veulent se prêter au jeux ressemblent à des hommes et portent la casquette. Non merci, chérie. Traits de caractère : Impulsive, manque de tact, légèrement antisociale, renfermée, aventureuse, déterminée, dévouée. Groupe : wild things.

Sloane Vetotchkine, américaine de naissance, mais 100% russe aux yeux des américains. Une vraie partie de plaisir. Pour eux, il est difficile de croire que le nom d’une communiste puisse être véritablement américain. Je ne les blâme pas, après tous les morts qu’ont réussi à faire toutes ces guerres. En parlant de communisme, je suis née dans la plus grande commune Amish d’Amérique, près de Lancaster, regroupant plus de 30 000 âmes. Pour ceux qui ne sont pas des bols en religion, les amish vivent de façon simple et à l’écart de la société moderne. Ainsi, les voitures, l’électricité et tous autres produits commercialisés n’y ont pas leur place. C’est une communauté qui s’auto-suffit, autant aux niveaux de la nourriture, que des vêtements, qui restent purement traditionnels.  La première règle amish est : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ». La plupart des familles Amish parlent à la maison un dialecte allemand connu sous le nom d'allemand pennsylvanien, mais les enfants apprennent très vite à parler et à écrire l’anglais à l’école. Les familles comprennent en moyenne cinq enfants, mais peuvent aisément dépasser la dizaine. Je suis donc la 7ème fille d’une famille de neuf enfants. J’ai toujours été une enfant très turbulente. Je courais partout, je m’aventurais dans les bois, j’escaladais les rochers et traînait près de la rivière avec les enfants de mon âge. Têtue, je dérogeais souvent aux règles. Je n’écoutais pas à l’église, je tenais tête à mon père, je défiais les professeurs…mes parents en devenaient fous. La punition, je connais. D’ailleurs, avec neuf autres enfants à charge, ils reléguaient souvent la tâche à l’une de mes sœurs aînées, qui  travaillait à me chaperonner. Disons-le franchement, c’était toujours mieux que de passer sa journée à faire du lavage ou à coudre les vêtements déchirés de mes frères. Ainsi, peu d’entres-elles se plaignaient lorsque la tâche de chaperon leur revenait. Je n’ai jamais vraiment remis en question mon mode de vie ou ma religion. Je grandissais dans une famille aimante et dans une communauté où régnaient l’entraide et le partage. Je n’ai jamais manqué de rien. Par contre, à l’adolescence, ma curiosité me poussait à en apprendre plus sur « les Anglais », qui s’avère être « les gens de l’autre monde », selon les amish. Avec des amies, ils m’arrivaient souvent de me glisser hors du village à l’insu de mes parents. Nous nous rendions près de la rivière longeant Lancaster, à la frontière de la communauté où les adolescents hors-communautés s’amusaient à faire la fête autour de grands feux.  Nos vêtements et notre mode de vie les amusaient. Ainsi, ils se faisaient un malin plaisir à nous offrir de l’alcool et à nous faire fumer des pétards. J’adorais y aller. C’était le seul endroit où nous pouvions réellement nous éclater et danser aux rythmes  de la musique délirante qui y régnait. La musique traditionnelle jouée à l’aide d’instruments de bois au village me lassait et n’était totalement pas divertissante comparativement à ce que nous pouvions entendre au sein de ces fêtes. C’est d’ailleurs là-bas que j’ai connu Romy. Cette fille a complètement bousillée mon existence de A à Z,….mais elle m’a aussi permis d’embraser la femme que je suis devenue aujourd’hui et de m’accepter comme je suis.  Je ne l’ai jamais oubliée et je ne l’oublierai sans doute jamais,…ce qui est très TRÈS mauvais pour moi, comme ne cesse de me balancer les connards qui prennent le temps de me payer une dizaine de verres de forts puis d’écouter mes histoires de merde. « Oublies-là chérie,…je connais un remède pour ça. Je t’amène ? »  « J’crois pas qu’une soirée dans ton lit sera aussi bon que toute cette alcool que tu viens de me fournir gratuitement et sans arrières pensées. Du coup CHÉ-RI, merci, mais non merci. » « jt’emmerde, connasse. » « Amen to that, dickhead. » J’ai toujours eu une grande gueule et ça changera jamais. J’aurais pu me ramasser plusieurs coups de poings sur la gueule, mais heureusement je suis une femme et la majorité ne s’y risque pas. Bref, mon aventure avec cette emmerdeuse prit brusquement fin lorsque le meilleur ami de mon frère me surpris avec Romy flambant nue lors d’une baignade nocturne dans la rivière bordant la forêt à la sortie du village. L’histoire fut rapidement le tour de la société. Le visage rougit par les baffles de mon père, on me traîna jusqu’au doyen et pasteur, qui sermonna mon pêché devant la communauté entière lors de la messe journalière. Évidemment, dérogeant « aux principes de Dieu » et à la « moralité amish », je fus banni par tous de la société. J’vous l’dis, se faire bannir n’est pas une partie de plaisir pour un amish. Toute la société, ainsi que la famille proche doivent effacer complètement l’exclu de leur vie. En gros, faire comme ci cette personne était morte, ou qu’elle n’ait simplement jamais existée. Ce châtiment fût une honte, autant pour moi que pour ma famille. C’est ce qui fût le plus difficile ; savoir que je n’allais plus jamais revoir ma famille et mes amis. À 21 ans, j’étais carrément seul au monde et laissée à moi-même dans un monde que je connaissais à peine. J’avais peu d’éducation, je ne possédais ni économies, ni emploi, ni logis, ni vêtements modernes. Je me souviens de ce jour comme ci c’était  hier. Il pleuvait. Ma mère et mes sœurs pleuraient, tandis que mon père et mes frères détournaient le regard, refusant d’affronter la réalité. Jai quitté le village en courant. J’ai couru à travers Lancaster,…puis j’ai couru encore. J’ai couru jusqu’à sentir mes poumons brûler, …jusqu’à être incapable de respirer, puis je me suis effondrée dans la boue. J’ai pleuré. Je déteste pleurer. Je ne le fais pratiquement jamais, car je déteste avoir l’air faible et hors contrôle, mais ce jour-là, j’en fus incapable. Mon visage était baigné de larmes. J’y ai passé la nuit. Le lendemain, j’ai essayé de retrouver Romy, mais elle s’était carrément volatilisée. Qu’est-ce qui pouvait bien m’arriver de pire ? Quelques années plus tard, à l’aide des banques alimentaires et de la travailleuse sociale qui m’a été référé par un organisme communautaire, j’ai réussi à m’établir un rythme de vie assez stable et à m’accoutumer au monde moderne dont j’avais été tenu à l’écart depuis ma naissance. J’ai fais face à mon deuxième grand amour : la photographie. Immortaliser le temps, j’adorais. J’en ai donc fait mon métier. De toute façon, je ne pouvais pas faire grand-chose avec mon background de weirdo ex-amish. Aujourd’hui, je me promène à travers le pays dans une vieille caravane avec deux caméramans indépendants pour les chaînes de nouvelles locales. Nous passons nos journées à regarder les radars météos et à rouler à travers le pays à la recherche d’événements météorologiques de grandes envergures, tels que des tsunamis ou des tornades. Puisque ces événements n’arrivent que quelques fois par année, ils nous arrivent de dénicher certains contrats lors d’événements importants ou de grands festivals. « Putain Loa, lâches l’alcool. T’es supposée prendre le volant dans 15 minutes ! Dis moi, t’as arrêté depuis hier ? On est presque à court de bières, bordel. »  « Et on y arrive dans combien de temps, dans ce désert pourri ? » « Bahh,…45 minutes,…peut-être un peu plus. » « Les radars n’indiquent rien de très intéressant pour les prochaines semaines et on n’a pas le fric pour se permettre de brûler encore plus de gaz. » « T’es entrain de dire qu’on va être coincé ici ? » « Paniquez-pas les mecs. Y’a sûrement de quoi ici à photographier et à filmer. On trouvera bien ! On trouve toujours. Puis après, on reprend la route. » « Pour combien de temps, cette fois ? » « Le temps qu'il faut. »Présentement, nous sommes à Phoenix depuis quelques jours et nous espérons couvrir le festival de Coachella pour les journaux, les magazines musicaux et les chaînes locales qui voudront bien de notre travail.