comme un fou qui se saigne accroché à la croix

Nom : De Rais. Senteur arrogante de la noblesse française. On imagine déjà leur château dans la Loire, leurs meubles somptueux et leur blason familial, le grand domaine vert où ils pratiquent la chasse. Mais la particule est trompeuse, en réalité, il vient d’une famille moyenne émigrée aux États-Unis. Mais sa mère a vu plus loin, sa mère a vu plus haut. Elle s’est construite un empire financier à leur nom. Prénom : Y’a toujours un petit rire, la première fois qu’on l’entend, un élan de compassion presque. Général, empereur, ou chien dans une comptine. Et pourtant, Napoléon aime bien son prénom. Surnoms : Napo. Nana. Popo. On se donne à cœur joie. Date de naissance et âge : Belle journée d’été il y a bien vingt-deux années. Maman a voulu un bébé, alors Maman en a obtenu un. Parce que Maman obtient toujours ce qu’elle veut. Lieu de naissance et nationalité : Amère Loque. Les militaires obèses qui se battent au grand nom de la liberté. Origine : Les romantiques aux escargots, béret sur la tête et baguette sous le bras. Niveau d'étude : Fraichement sorti de son Master de finance. Métier : Assistant au vice-président dans la banque de Maman. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple Statut monétaire ($) : $$$$$$$ héritier merdeux, pourri à la moelle, la cuillère en argent qui n’a jamais quitté les lèvres. Orientation sexuelle : Esprit libre. les jolis garçons, les charmantes jeune filles, les hommes matures, les femme à l’âge mûr. Statut civil : Il fait bonne figure avec ses draps toujours froissés, l’insouciance affichée. Pourtant le cœur est bousillé et le sourire craquelé. Traits de caractère : aventurier • bon vivant • curieux • intelligent • ambitieux • chieur • lunatique • volage • excessif Groupe : wild things.

fils à maman, les deux s’entendent comme deux doigts de la main, contre toute attente • aucun papa à l’horizon, maman a eu recours à l’insémination artificielle et une mère porteuse, c’est beau d’avoir de l’argent à dépenser, mais pas le temps à y consacrer • gamin intelligent mais dissipé, les yeux perdus dans la fenêtre plutôt que dans les bouquins • il aime s’en plaindre, mais en réalité, il est bien content de suivre les pas de maman • chieur invétéré, dès que l’ennui se fait sentir • dépensier, un peu trop, il a un goût pour les belles choses • il a peut-être un peu déconné avec sa troisième voiture de luxe, mais il était triste, alors • des voyages pleins la tête, il lui arrive de partir à l’autre bout de la planète pour seulement un weekend • curieux de tout, mais attentif à rien • il ne fume pas, il n’aime pas l’odeur • mais il ne dit jamais non à un peu de came de bonne qualité • seulement, ça lui retombe dessus en ce moment, il sombre dans la spirale infernale, l’excès à portée de main • s’il est très doué avec les maths et les nombres, l’art lui semble hermétique, incompréhensible, étrange • il déteste tout particulièrement l’art contemporain qu’il juge stupide • toujours le premier à se moquer des artistes en herbe, les étudiants en théâtre et autre voies qu’il juge sans avenir • grand joueur de poker, maître du bluff • il aime plaire, séduire pour s’amuser • esprit nourri à la liberté, les amants qui se sont enchainés jusqu’à ce que le cœur devienne prisonnier • l’amour c’est que des conneries, il aurait bien aimé dire non merci • il tente de l’oublier dans d’autres draps, mais ça ne marche pas vraiment, il tente de ne pas perdre espoir

Il ne sait plus trop comment ça a commencé. Leur histoire à deux. Leur connerie monumentale. Napoléon s’ennuyait certainement. Alors c’était drôle de voir le patron se braquer et se crisper à la moindre de ses petites avances, les insinuations merdiques, les regards appuyés, les commentaires déplacés. Tout est tellement amusant, quand on sait qu’on ne sera jamais viré. Contre tout attente, les stratagèmes ont finit par faire leur effet. Le patron est devenu amant. Lui, l’homme respectable, la bague sur le doigt, la photo de famille de son fils et sa femme, fièrement posée sur le bureau. Lui, entre ses draps, à portée des doigts, le désir entre leurs reins. Mais lui, il n’aime pas les hommes. Il le dit à Napoléon, à chaque fois. Il n’aime pas les hommes, sauf quand il est dans le lit avec Napoléon, sauf quand il est tard le soir et qu’il ne reste plus que lui et Napoléon dans le bureau, sauf quand il boit un peu et qu’il frappe à la porte de Napoléon. Il n’aime pas les hommes et il n’aime pas Napoléon. Alors, la vengeance cosmique a fait en sorte que Napoléon l’aime lui. Ironie de la vie. L’arroseur arrosé. Mais Napoléon, il ne dit rien, non. Il prétend que tout va bien, même s’il a envie de sauter par la fenêtre parfois, quand il dînent ensembles, avec sa mère et Lui et sa femme. Il leur fait la conversation normalement, même s’il a envie de hurler à la mort. Et il reste avec lui, même si ça le détruit.

« Tu vas lui dire un jour ? » Une cruelle pointe d’espoir qui se faufile dans sa voix. Ses yeux qui se plonge dans les siens. Les deux hommes dévêtus sur le lit, les perles de sueur par milliers encore sur leurs corps après ce bel effort. Son sourire s’est fané, l’air grave est revenu. Napoléon vient de briser l’instant. L’amant soupire, les vêtements dont il s’enveloppe, comme une armure pour se protéger. Mais Napoléon, il a rien, plus rien que la plaie béante sur sa poitrine, sa fragilité à fleur de peau, l’impression de marché sur un fil tendu au-dessus du vide, la chute qui l’attend d’une seconde à l’autre. « Je dois y aller. » Et Napoléon hoche la tête, il lui sourit même un peu, comme s’il ne venait pas de se prendre un poignard dans le cœur. Il lui montre pas non. De toute façon, ça sert à rien. Il n’est qu’un stupide gamin bon à rien.

Les clés qui tournent dans la serrure. La porte qui s’ouvre dans un cliquetis. La lumière qu’il allume. Un sursaut. Il est là, à l’attendre dans le noir. Y’a un sourire qui nait sur les lèvres du garçon, le même putain d’espoir qui empoisonne sa vie. « Pourquoi tu ne peux pas me laisser vivre ? Pourquoi t’es venu tout foutre en l’air ? » La voix qui se brise sur le dernier mot. Il a l’aspect de l’homme au bout du rouleau. La rage dans les poings, la mâchoire serrée. « Tu veux cumuler assez de preuves pour me faire chanter, c’est ça ? » Et Napoléon il a mal putain, il a l’impression de crever un peu plus à chaque mot. Et il en a marre, Napoléon, de cacher la douleur, faire comme si de rien était, il en peut plus, il va étouffer. « T’es vraiment qu’un connard putain. » Il s’avance, un poing qu’il écrase sur sa joue, pas très fort pourtant. « Toi. Toi. Toi. Ça t’arrive de t’arrêter une seule seconde de penser à ce que moi je peux ressentir ? » Les poings qui s’écrasent sur son torse, sans aucune conviction, sans aucune force. « Qu’est ce que tu veux à la fin ? Je suis marié, je viens d’avoir un deuxième enfant, je ne peux pas les abandonner. » Tous les deux au fond du trou, la merde jusqu’au cou. Y’en pas un pour rattraper l’autre. « Tu ne comprends toujours pas ? Je t’aime. Je t’aime, merde. » Il hurle maintenant, les larmes qui brûlent ses yeux. Et puis le silence s’abat, lourde sentence du désespoir. Il a ses bras qui viennent l’entourer, ses lèvres qui rejoignent les siennes, enfin. Sa peau contre la sienne, leurs langues qui se cherchent et ça paraît si juste. Et pourtant, le lendemain lorsqu’il se réveille, son lit est vide et il a froid. Et lorsqu’il se rend dans son bureau, on lui dit qu’il est parti en vacances, congés paternité, on lui montre une photo du nouveau-né. Et Napoléon, il sourit, comme si de rien était.